Wednesday, 9 February 2011

instantané : Qui est Louis Paysant ?

{ Près de cinquante ans après le recouvrement de notre indépendance, certaines institutions continuent d'ignorer la mémoire collective, voire font perdurer l'absurdité insensée dans la conscience de l'altérité. Quoi de plus cynique lorsqu'elles lèguent à la postérité des personnages qui n'ont rien à voir avec notre histoire. En clair, des noms qui s'opposent effrontément à l'opinion commune. Après la plaque toponymique portant le nom d'une rue — à Bab El Oued — de Montagnac, sinistre alter ego de Pélissier et Randon, ou celle apposée à El Biar au nom de Louis Rouget, homme analphabète, ayant défrayé la chronique au milieu du XIXe siècle, dans le monde rural de l'Hexagone, voilà que la commission de dénomination des rues cumule une autre bourde qu'elle inscrit au panthéon de son inintelligence. Oui.

Impudente plaque que celle collée, alors par le défunt GGA, sur l'angle d'une des rues de la commune de Bab El Oued, rebaptisée, comble de l'absurde et du cynisme, au nom de Louis Paysant. Ni le ministère de l'Intérieur ni celui des Moudjahiddine, encore moins le premier magistrat de la commune, ne daignent bon de nous éclairer sur le bien-fondé de cette désignation somme toute ridicule. Moi, votre serviteur, je me suis trituré les méninges pour saisir l'énigme de cette «légitimité». J'ai fait l'effort de parcourir quelques archives sur la personnalité et le parcours de Louis Paysant. Résultat de mon humble recherche ? Aucun attribut du personnage digne d'être pérennisé dans notre conscience, sinon un soldat distingué et décoré du titre de Légion d'honneur par l'armée française durant la guerre de 1914-1918, donc un valeureux bidasse qui a servi sa république et serait tout indiqué à être porté dans la mémoire des siens, dans l'Ardèche ou en Champagne.

Si le médaillé militaire que l'administration coloniale avait jugé opportun de perpétuer— à l'époque — sa mémoire le long d'une rue à Bab El Oued, notre administration a fait mieux en tenant à sceller honteusement une nouvelle plaque en 1997. Ingénieuse idée de la part de la commission algéro-algérienne chargée de cette mission a fortiori lorsqu'on sait que nombre de nos chouhada sont mis aux oubliettes. Et je me fais l'économie de bourdes constatées ici et là, pour ne citer que quelques noms de chouhada portés sur des îlots d'immeubles, de manière éculée ou encore le père du scoutisme, Mohamed Bouras qui n'a mérité qu'un passage pas plus long que cinq mètres.




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