Saturday, 12 February 2011
Egypte
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La révolte s'étend, le pouvoir menace
Mise en garde n Le gouvernement a averti, hier, mercredi, que l'armée interviendrait en cas de «chaos» en Egypte, où les manifestations massives ont gagné de grandes villes et des violences sanglantes ont touché le sud reculé.
Durcissant le ton à l'égard des manifestants qui ont rejeté toutes les mesures d'apaisement du régime, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a prévenu que l'armée interviendrait «en cas de chaos pour reprendre les choses en main». «Si cela arrive (...), les forces armées se verront obligées de défendre la Constitution et la sécurité nationale de l'Egypte. Nous serons dans une situation très dangereuse», a-t-il dit, selon l'agence officielle Mena. M. Aboul Gheit a aussi accusé les Etats-Unis de chercher à «imposer» leur volonté à l'Egypte par leur exigence de réformes immédiates, dans un entretien à la chaîne américaine PBS. Déjà mardi, le vice-président Omar Souleimane avait averti qu'une fin immédiate du régime «signifierait le chaos». Les propos de M. Souleimane ont été dénoncés par l'opposition, dont les Frères musulmans, bête noire du régime. «Il s'agit d'une menace inacceptable aux yeux du peuple égyptien», a affirmé un responsable de la confrérie. Les manifestations «continueront quelles que soient les menaces». L'armée, épine dorsale du régime, a été appelée le 28 janvier en renfort de la police, en particulier pour faire respecter le couvre-feu instauré au Caire, à Alexandrie (nord) et à Suez (est). Présente autour de la place Tahrir, elle n'est pas intervenue pour faire partir les milliers de manifestants anti-Moubarak qui y sont installés jour et nuit.
Au 16e jour de la révolte, sur la place Tahrir au Caire, symbole du mouvement de contestation, des dizaines de milliers de manifestants ont encore réclamé le départ de M. Moubarak. Les protestations ont touché une ville à 400 km au sud du Caire, El-Kharga, où cinq personnes, blessées la veille dans des heurts entre manifestants et policiers qui ont fait usage de balles réelles, ont succombé, hier, selon des sources médicales. Il y a aussi eu une centaine de blessés. A la contestation politique se sont ajoutés des mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail, dans les arsenaux de Port-Saïd (nord-est), dans des sociétés privées travaillant sur le canal de Suez (est) ou encore à l'aéroport du Caire.
Des centaines de manifestants ont encerclé le Parlement et le siège du gouvernement au Caire, situés face à face. Les deux bâtiments étaient protégés par des blindés et le Conseil des ministres a dû se tenir dans un autre lieu. La révolte a aussi touché la ville d'Assiout, au sud du Caire, où des manifestants anti-Moubarak ont bloqué une voie de chemin de fer et coupé une autoroute reliant le nord et le sud du pays. Des manifestants ont également saccagé un bâtiment officiel à Port Saïd (nord-est), à l'entrée méditerranéenne du canal de Suez.
Parallèlement, la vie a continué de reprendre son cours au Caire, où la plupart des commerces avaient rouvert.
Mais le nouveau ministre de la Culture, Gaber Asfour, a annoncé sa démission, en invoquant des «raisons médicales».
Agences de presses
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